Historien de l’art, il enseigne l’histoire de l’art moderne et contemporain à l’Université de Fribourg, en Suisse. Originaire de la Roumanie, citoyen espagnol, il a obtenu sa maîtrise à La Sapienza, à Rome, et le doctorat à la Sorbonne, à Paris. Cet aspect multiculturel et multilinguistique a peut-être joué un rôle dans le choix d’instruments théoriques, critiques et linguistiques très diversifiés. Victor Stoichita a contribué pour élargir les problèmes et les objets d’étude, en démontrant tout l’intérêt d’une méthode plurielle d’analyse de l’expérience artistique e visuelle. L’histoire de l’art, l’esthétique, l’anthropologie concourent ainsi pour mettre en relief des dynamiques de permanence et de transformation qui définissent le monde « contradictoire » des images. Le mode de fonctionnement de l’image et de l’imagination, tout comme la question de la mémoire, constituent ainsi les problèmes fondamentaux de cet historien.
Dans L’Instauration du tableau (2.éme ed., 1999) et Brève histoire de l'ombre (2000), Stoichita se penche sur des thèmes qui mettent en cause la nature même du phénomène artistique et des thèmes qui sont l’objet d’une élaboration théorique constante, avec des longues ramifications philosophiques et culturelles, que l’auteur parcourt avec une désinvolture remarquable.
Dans L’Effet pygmalion (2008; trad. pt. 2011), il parcourt l’histoire d’un sculpteur Chypriote et de la statuette qu’il a fabriquée, en partant d’Ovide et en passant par Le Roman de la rose, Shakespeare, Deleuze, Barbie, avant de terminer par Hitchcock. D’un côté, si cette histoire de simulacres met en évidence une dimension centrale de la pratique artistique occidentale, où l’on voit l’artiste tomber amoureux de l’image créée, de l’autre, nous pouvons comprendre en quoi cette passion ruine la logique de la mimésis et destitue n’importe quel principe ou conformité entre le modèle et la copie. En effet, la statuette de Pygmalion existe sur un autre plan, elle est un objet à la fois technique, magique et artistique qui capte efficacement le désir. Elle est donc emblématique de la part de l’image qu’il y a dans l’art.
(JFF, VS, rIHA)
[pt] [en] [fr] [de]